4.4 - Thème n°4 - Une économie rurale à deux étages


S'il existe de nombreux autres canyons spectaculaires dans le monde, très peu ont été occupés et aménagés par l'homme autant que les Gorges du Tarn et de la Jonte.

L'existence de châteaux et de villages au fond de Gorges constituent la grande originalité de ces sites. Sur le sujet de l'utilisation par l'homme de ces terroirs, il convient de souligner les traits suivants :

Les villages et les châteaux des Gorges n'existeraient pas (ou seraient plus réduits) sans la présence du Causse 400 à 500 mètres au dessus.
L'occupation humaine maximale a été au 19e siècle.

Ils reposaient en effet, sur un agro système Causse-Vallée (il se reflète dans le découpage des seigneuries et dans celui des communes d'aujourd'hui).

Dans la vallée la vigne, les fruits et les légumes ; sur le Causse, le blé et le pâturage principalement pour les bêtes à laine. Les seigneuries pour être viables devaient recouvrir à la fois des secteurs des Gorges et des secteurs du Causse. Mais ils tiraient aussi leur revenus des redevances attachées aux moulins, qui étaient installés en bas sur les résurgences.

Le blé sur le Causse fut autrefois cultivé non seulement dans les dolines ou les rares "plaines" du Causse mais aussi de manière temporaire et après brûlis des mottes, sur de nombreux espaces aujourd'hui voués au seul parcours des moutons.

La complémentarité entre le Causse et les Gorges se manifestait de deux façons :

  1. Dans le cadre d'un échange entre les productions. Les habitants du Causse disposaient de la plus vitale : le blé, mais ils avaient besoin des moulins du bas pour moudre leur grain. Les moulins à vent bâtis sur le Causse au 18e siècle se sont heurtés à des problèmes techniques à cause de la violence du vent.
     
  2. Beaucoup d'habitants des Gorges, qui étaient plus peuplées, utilisaient des terres d'appoint sur le Causse où ils y faisaient paître leur animaux. Ils y avaient un habitat temporaire. Aujourd'hui encore, les habitants de Ste Enimie disposent de droits de pâturage à Champerboux et à la Périgouse.

Dans les Gorges ou sur le Causse, la vie était également rude. Les déplacements entre les deux étages de ce pays représentaient bien des contraintes et des fatigues.

Pour le reste, le climat des Gorges était plus clément que celui de Causses, mais la vie y était au moins aussi dure à cause de l'obligation d'aller travailler sur les terrasses et de les entretenir sur les pentes raides et jusqu'à une altitude élevée.

L'artisanat textile contribuera de manière importante à la vie du pays (avec une apogée au I8e siècle) comme dans tout le Gévaudan.

On fabriquait dans les Gorges une sorte particulière de Cadis : "Le Cadis à la Soubeiranne". Ispagnac, Ste Enimie, La Malène, Meyrueis comptaient de nombreux tisserands, cardeurs, etc. ; le fil était fabriqué par les femmes. Plusieurs moulins servaient à fouler les étoffes.

La révolution industrielle entraîna la disparition de cet activité, ce qui contraignit de nombreux habitants soit à l'exode définitif, soit à la recherche de travaux temporaires dans le midi principalement (vendanges, moissons...)